JACQUET Alain
Alain Jacquet, né en 1939 à Neuilly-sur-Seine et décédé en 2008 à New York, est une figure majeure du mouvement français dit des Nouveaux Réalistes, tout en entretenant un dialogue constant avec le Pop Art américain. Formé à l’École des Beaux-Arts, il s’oriente très tôt vers une approche ludique, conceptuelle et résolument expérimentale de l’image. Au début des années 1960, il développe un langage visuel singulier fondé sur l’appropriation, la sérigraphie et la déconstruction des codes iconographiques.
Jacquet se fait connaître par sa série des “Camouflages”, dans laquelle il revisite des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art en les transformant au moyen de trames mécaniques, de couleurs saturées et d’effets optiques. Parmi celles-ci, son interprétation de la “Grande Jatte” de Seurat devient rapidement emblématique de sa démarche : une œuvre oscillant entre hommage, détournement et réflexion sur la reproduction à l’ère industrielle. Cette pratique l’inscrit dans un mouvement international qui interroge la circulation des images et leur statut dans une société de plus en plus médiatisée.
Installé entre Paris et New York, Jacquet participe activement aux échanges artistiques transatlantiques. Il collabore avec de nombreux artistes, se rapproche de la scène underground américaine et expose dans des institutions de premier plan. Son travail explore également la photographie, la peinture, l’installation et la création d’objets, dont des pièces de mobilier émaillé qui incarnent sa volonté d’intégrer l’art au quotidien. Son esthétique, à la fois joyeuse, critique et profondément moderne, séduit un public international.
Durant les décennies 1970 et 1980, Jacquet poursuit ses recherches sur les systèmes de représentation en élargissant son vocabulaire formel : jeux de pixels, impressions sérigraphiques monumentales, motifs répétitifs et manipulations numériques naissantes. Il aborde également des thèmes liés à la perception et à la mémoire visuelle, anticipant des problématiques qui deviendront centrales dans l’art contemporain. Son œuvre témoigne d’un intérêt constant pour la transformation du réel par la technologie et l’expérimentation.
Jusqu’à sa disparition en 2008, Alain Jacquet demeure un créateur prolifique et indépendant. Son héritage occupe une place essentielle dans l’histoire de l’avant-garde européenne et américaine. À travers une œuvre protéiforme, il laisse l’image comme terrain de jeu, de questionnement et de renouvellement, affirmant la puissance expressive d’un art libre, audacieux et pleinement inscrit dans son époque. Son influence perdure aujourd’hui grâce aux artistes qu’il a inspirés.
