Jean Lerat (1913–1992) est né à Bourges, issu d’une famille d’ouvriers menuisiers et ébénistes. Dès 1926, il suit une formation en sculpture sur bois à l’École nationale des Beaux-Arts de Bourges, où sa maîtrise du dessin se distingue. En 1937, il remporte une médaille d’argent à l’Exposition universelle de Paris pour une céramique représentant Pomone
En 1941, grâce au mécénat de François Guillaume, Jean s’installe à La Borne, village réputé pour ses grès cuits au bois. Il y collabore avec des maîtres potiers tels qu’Armand Bedu et Paul Beyer, adoptant une production qui mêle tradition utilitaire et libre expression artistique. En 1945, il épouse Jacqueline Bouvet, qui l’avait rejoint à La Borne en 1943.
Jacqueline Bouvet-Lerat (1920–2009), née à Bonneville (Haute-Savoie), étudie d’abord le dessin à Mâcon, puis les Arts décoratifs à Paris. En 1942, elle se forme à la céramique à Moulins (atelier Jeune France) auprès notamment d’Anne Dangar. Elle rejoint La Borne en juillet 1943, grâce à une invitation d’Henri Malvaux .Tragiquement, son père est assassiné en 1944, avant qu’elle ne retourne à La Borne et épouse Jean (février 1945).
Le couple travaille en symbiose : chacun conserve sa propre sensibilité — Jean, plus sculptural et rigoureux, Jacqueline, plus ouverte, moderne et passionnée — mais signe ses œuvres en commun sous « JJLerat » dès 1947, brouillant volontairement les frontières individuelles.
En 1955, ils quittent La Borne pour s’installer à Bourges. Jean y enseigne la céramique à l’École nationale supérieure d’art de Bourges de 1943 à 1978, Jacqueline de 1966 à 1988 . Leur œuvre évolue : des formes figuratives inspirées de l’art sacré et du bestiaire paysan, ils migrent vers l’abstraction organique, développant des vases sculptures de grande échelle .
Ils participent activement au renouveau de l’art céramique en France, faisant partie du courant « Nouvelle modernité » (1945–1965), où la céramique devient pleinement plastique et accessible au plus grand nombre . Leur importance est soulignée comme essentielles à l’entrée de la céramique dans l’Histoire de l’Art.
Leur travail est exposé dans de nombreux lieux : Paris (galerie Rouard, musée des Arts décoratifs, rétrospectives), à l’étranger (Tokyo, Londres, musée de Birmingham), ainsi que dans des expositions majeures à Bourges, Ratilly, Sèvres, Genève…
Ils restent des figures de référence, à la fois pour la tradition potière de La Borne et pour l’évolution artistique de la céramique, jusqu’à leurs décès respectifs (Jean en 1992, Jacqueline en 2009)